Architecture Suisse

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Architecture publique Valaisanne, l'exemple réussi?

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La Future HEV'S de Sion © Évéquoz & Ferreira Architectes

Être architecte cantonal en Valais et devoir parler de l’architecture publique est une chance. Comme le relevait la revue « werk, bauen+wohnen » dans son numéro 7/8-2015, Spécial Valais, notre canton est un exemple en ce qui concerne l’architecture publique.

Nous héritons aujourd’hui de la politique visionnaire de Bernard Attinger qui fut architecte cantonal de 1978 à 2007. Il a travaillé sans relâche pour faire accepter le concours d’architecture pour tous les édifices étatiques, ce qui paraît assez normal pour un canton qui prône une architecture exemplaire ; mais il a surtout amené le concours dans chaque commune qui construisait un bâtiment subventionné. La mise à disposition de ressources étatiques pour l’organisation des concours et leur ancrage dans les règlements ont ainsi créé un amalgame accepté de quasiment tous. En dehors de l’indéniable qualité qu’amène la mise en concurrence entre architectes, elle permet également de gérer l’aspect financier au moment où le bras de levier est le plus grand. Il est, en effet, plus facile de trouver un projet économique parmi 45 rendus dont les volumes oscillent de 15 à 40% (par rapport à la moyenne) plutôt que de grappiller 2 à 3% en négociant âprement les prix de soumission des entrepreneurs.

Cette pratique systématique permet aux jeunes architectes d’émerger et de se faire un nom. Cela pousse également les bureaux établis à se maintenir à leur meilleur niveau. Nous avons ainsi pu réaliser tous les bâtiments publics d’importance, comme la nouvelle HEVs à Sion, l’extension de l’Hôpital de Sion et de celui de Brigue, selon le même procédé du concours d’architecture ouvert. Ce sont donc plus d’un demi milliard de francs de commandes qui viennent d’être attribués selon ce principe. Afin de démystifier le concours d’architecture, l’État du Valais, en collaboration avec la télévision locale, a suivi une procédure complète depuis la séance préliminaire jusqu’à la remise des prix et a ainsi démontré la transparence et l’intégrité qui guident le jury lors du choix de la solution la plus appropriée. Le but n’est-il pas d’augmenter la qualité de notre environnement bâti et ainsi mettre en résonance nos paysages ? La problématique est d’autant plus difficile en Valais où le rapport plaine-montagne est une contrainte supplémentaire.

À nous, aujourd’hui, de faire perdurer les bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves et qui ont amené l’architecture publique valaisanne à un très haut niveau. Une fois n’est pas coutume, notre canton est un exemple dans cette gestion du patrimoine institutionnel. Mais il ne faut pas s’endormir sur nos lauriers, il faut rester attentif, combattre les argumentaires fallacieux qui tentent de nuire à la réputation du concours d’architecture et surtout, il faut démontrer que ces bonnes pratiques sont également le choix le plus judicieux pour les projets initiés par des maîtres d’ouvrage privés.

Philippe Venetz, architecte cantonal


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Hôpital du Valais © Ferrari & GMP